Balade dans la Somme : les Hortillonnages d'Amiens
Il y a quelques mois, au détour d'une conversation sur ma passion pour les fleurs, on me demande : "Connaissez vous les Hortillonnages d'Amiens?". Les quoi?!? "Ah... Alors vous devriez y aller, c'est surprenant..."
J'ai donc suivi ce conseil avisé et ai pris la route cette semaine, en compagnie d'une de mes amies, pour aller voir de plus près cet endroit si spécial.
Avant de commencer la visite, un petit mot explicatif sur les Hortillonnages : ce sont d'anciens marais comblés il y a des siècles, dans le but de créer des champs pour la culture maraîchère. Ce mot vient du terme picard "hortillon", qui signifie "petit jardin", lui même issu du latin "hortus", le jardin..
Les îles cultivables sont léchées par les eaux de petits canaux (des rieux) provenant de la Somme et de son affluent l'Avre.
Les Hortillonnages se situent à Amiens (dans un quartier à l'est de la ville plus précisément) ainsi que sur d'autres communes limitrophes (parmi lesquelles Rivéry et Camon, où nous sommes passées).
Il y avait autrefois 10000 hectares d'Hortillonnages, il n'en reste aujourd'hui que 300. Et bien sûr, il y a aussi beaucoup moins de maraîchers qui cultivent ces terres.
Faute d'avoir trouvé une carte bien lisible, nous avons commencé notre parcours au hasard, en partant par un petit chemin à gauche de la Maison des Hortillonnages (située boulevard de Beauvillé), face à l'embarcadère des barques à cornet. Ce qui me rappelle que j'ai failli oublier un détail qui a son importance : il est possible de visiter le site à bord de barques, dirigées par un guide (prendre un ticket à la Maison des Hortillonnages) mais aussi à pied. Nous avons choisi la deuxième option mais je ne manquerai pas de revenir pour tester la première et continuer les découvertes.
Ce début de promenade est un peu sauvage, le long d'un étang bordé d'un côté par des immeubles (qui ont donc une très belle vue!) et nous mène jusqu'au chemin du Malaquis. Qui, lui même, nous amène à la ville de Rivéry.
Nous découvrons bien vite que de nombreux hortillons sont habités à l'année et c'est bien une surprise. J'avais compris qu'il n'y avait que des parcelles de terrain à cultiver, devenues pour beaucoup des jardins de particuliers, avec pour toute construction une cabane en bois pour ranger les outils ou, pour les plus sophistiquées, passer le week end. C'est le cas pour de nombreuses îles mais pour d'autres, ce sont bien des maisons d'habitation qui y ont été construites.
Les maisons ne sont généralement pas bien grandes, sans doute à cause des contraintes imposées par un sol fragile.
Beaucoup de ces maisons sont en brique, c'est le ch'nord quand même! Bien entretenues, généralement, et surtout bien fleuries, grandes ou petites. Certaines se démarquent tout de même et sont un véritable plaisir pour les yeux.
Je ne sais comment dire à quel point j'adore ces maisons en briques. Quand on cherchait la nôtre, je craquais immanquablement pour celles là, provoquant à chaque fois l'hilarité de l'amoureux, qui se moquait : "Aaah! Du moment qu'elles sont en brique, hein?!"
Enfin, bref! Je vous laisse découvrir mes quatre préférées sur le parcours, qui ne sont pas toutes sur les îles mais parfois en ville, au bord du marais... Je leur ai donné des noms, ça me donne vaguement l'impression qu'elles sont miennes.... Si seulement...
Et la préférée des préférées : La "Maison de la petite Fée", blottie entre les arbres sur un îlot. Vous remarquerez qu'elle n'est pas en briques mais en bois (oui, bon, d'accord, c'est un autre matériau très cher à mon cœur...)
Revenons à notre parcours... Une fois dans Rivéry, nous allons marcher un long moment "en ville", jusqu'à Camon, parfois en nous éloignant visuellement des marais cachés par les maisons situées entre eux et la rue et parfois en longeant les berges, qui changent constamment d'aspect.
Il existe aussi dans ces villes de nombreux passages entre les maisons, qui mènent au bord de l'eau. Mais au bout de ces passages, il n'y a qu'un moyen de continuer son chemin : en navigant!
Au Pont de Camon, on bifurque et on emprunte un minuscule chemin qui mène en dessous. On se retrouve alors sur le chemin de halage qui nous ramène à Amiens, entre Somme à gauche et Hortillonnages à droite.
J'ai été étonnée en découvrant ce bout de Somme qui m'a plus fait l'effet d'un paisible canal que d'un fleuve.
L'arrivée, ce n'est pas pour tout de suite mais qu'importe, on a avalé les kilomètres sans y penser!
Vous l'avez bien compris, les autochtones se déplacent dans tout le secteur avec leurs barques, qui attendent sagement amarrées au jolies berges, et on n'accède à certains îlots éloignés que par ce biais. Mais, pour les hortillons qui sont près d'un sentier ou du chemin de halage, ont été construits des petits ponts bien arqués, fermés avec un portillon. On retrouve le même modèle sur les passerelles d'entrée des péniches d'habitation, ce qui m'a rappelé mon ancienne adresse, le long des quais de Seine.
Certains de ces ponts ont un charme tout à fait désuet, parfois de guingois, parfois à l'air très ancien, parfois aussi peu soignés, d'autres sont au contraire très travaillés et très entretenus.
Mais il faut aussi pouvoir rentrer sa voiture, lorsqu'on vit au pied de l'eau. Ce n'est pas le tout d'avoir des petits ponts tout mignons, l'aspect pratique n'est pas négligeable, voire même nécessaire! Alors il y a également quelques ponts carrossables. Mais attention, comme ils sont tout plats afin de rouler dessus facilement, ils fonctionnent sur des vérins permettant de les rentrer, pour que les navigateurs puissent passer sans être étêtés et, peut être aussi, pour éviter des intrusions.
Mais les Hortillonnages ne seraient pas les Hortillonnages sans les jardins, tous plus fleuris et entretenus les uns que les autres, sans la flore omniprésente, qu'elle soit cultivée ou sauvage et, bien sûr, sans la faune sauvage qui y trouve refuge.
La ville vient parfois se rappeler à nous durant la balade. En effet, en levant les yeux au dessus de la végétation, on peut voir se dresser deux monuments importants d'Amiens : la Cathédrale et la Tour Perret.
On est donc au pied de la ville, pourtant il se dégage de cet endroit une tranquilité et une douceur de vivre bienvenues. La vie se met au ralenti, on souffle et on reprend son souffle.
Les chats du chemin de halage en sont les meilleurs exemples...